La collection Japon du Musée Ennery : le monde fantastique du tout-petit 

Gracieusement invitée par le Musée Guimet (MNAAG), auquel est rattaché le Musée Ennery, j'ai pu profiter d'une visite assez exceptionnelle, tant par la splendeur du musée en lui-même (ancien hôtel particulier) que par les oeuvres. Je vous partage mes impressions sur cette visite privée d'un musée très peu connu.

Les pièces du Musée Ennery proviennent toutes d'une collection privée, celle de Clémence d'Ennery. Femme d'esprit, elle a tout le long de sa vie (1823-1898) évolué dans les milieux artistiques - étant elle-même comédienne - et côtoyé les plus grands auteurs littéraires de son époque, Clémenceau et Goncourt faisant parti de son cercle d'amis proches pour vous donner une idée. Ayant vécu en plein dans la mode du japonisme, elle a cependant commencé très tôt sa collection de pièces asiatiques, d'abord chinoises, puis japonaises... sans même poser un pied au Japon ! L'hôtel particulier, au 59 avenue Foch, renommé à présent Musée Ennery, a été construit selon ses ordres et les responsables du Musée Guimet ont tout fait pour conserver l'hôtel et la collection tels qu'ils étaient au XIXème siècle, à l'époque du vivant de Clémence d'Ennery. Ce n'est pas pour rien, puisqu'elle avait une façon très personnelle de présenter ces oeuvres. 

Pour sa conservation exceptionnelle et la fragilité du bâtiment, le musée n'est accessible que sur réservation, par groupe de 19 personnes maximum. Il faut donc prévoir quelques semaines d'attente avant de pouvoir visiter ce musée. Je recommande de laisser les sacs aux vestiaires, l'escalier principal et certains passages étant un peu étroits (surtout à 19). 

Il y a plusieurs choses qui marquent l'esprit lors de cette visite : évidemment, les oeuvres sont d'une extrême beauté et d'un rafinement comme on peut s'attendre de l'artisanat japonais. Mais elles sont surtout... petites ! Très petites ! 

Vous pouvez apercevoir des statues et des vases mais en grande majorité, nous avons de toutes petites pièces, certaines aussi grandes qu'une balle de ping-pong.

En plus de leur taille, l'ensemble de la collection dévoile un thème particulier : le fantastique, l'imaginaire, l'iréel. Clémence d'Ennery aimait les choses un peu étranges et surnaturelles, et avait cette volonté de les mettre en avant. Etant comédienne, elle avait naturellement un goût pour les objets en lien avec le théâtre, comme les masques japonais. 

Yokai, dieux, démons et autres héros mythologiques sont assis côte à côte et se dévisagent. Chaque armoire possède un sous-domaine particulier, et la dernière salle dévoile le monde des dieux et de leurs gardiens, des animaux du zodiaque chinois et autres créatures des univers 'religieux' bouddhistes et shintoiste. 

Autre élément remarquable : les 'présentoirs'. Les armoires, tables, vitrines où sont présentés et exposés les oeuvres sont aussi merveilleuses que les objets qu'ils abritent. Tantôt de fabrication européenne avec une inspiration japonaise, tantôt importé du Japon, ces armoires transformés en présentoirs par Clémence d'Ennery sont sculptés, gravés, vernis, incrustés d'émail, dans l'esprit baroque le plus tapageur possible. 

Et on aime.

Cette collection est remarquable parce qu'elle constitue une vraie fenêtre ouverte sur une période particulière et sur un mouvement artistique, celui du Japonisme, comme on le voit très rarement aujourd'hui. L'ambiance, le décor, les oeuvres... l'hôtel entier est une capsule temporelle d'une époque et une capture d'écran sur des modes littéraire, artistique et au-délà des échanges internationales entre la France et le Japon. 

Quelques dernières petites images pour le plaisir des yeux :

Infos pratiques :

Musée Ennery
59 Avenue Foch
75116 Paris 

Visite commentée d'une heure avec conférencier tous les samedis à 11h30 
Tarif : gratuit (pour les visites individuelles)
Réservation : resa@guimet.fr 

Plus d'informations : Musée Guimet