Wadaiko (和太鼓) - Introduction aux tambours japonais

11/07/2018

Comme un coeur géant palpitant, les musiciens nous racontent une histoire au rythme des battements de leurs tambours, les taiko. C'est l'un des instruments traditionnels japonais les plus connus au Japon et à l'étranger. 


Je considère que je n'ai pas l'oreille musicale. Peut-être à cause de ça, je n'ai jamais été tenté d'apprendre la musique.
Cependant, s'il y a bien un instrument qui me fascine, et qui me donne envie de jouer, ce sont les tambours japonais. 

A cette occasion, je vais voir le concert du groupe Drum Heart Tao qui viennent se produire en France pour la première fois le 13 et 15 juillet à la Scène Musicale de Paris. Dans cet article, je vais surtout vous expliquer le wadaiko ou taiko, vous présenter l'histoire des tambours japonais et ses genres. Il existe plusieurs types de tambours (selon la taille, leur utilisation etc) et les détails sont assez conséquents, donc je pense que je vais écrire un autre article les concernant, mais je vais les présenter brièvement ici.

Pour plus d'infos sur l'évènement Drum Heart, rendez-vous sur mon article (une fois qu'il sera rédigé car c'est demain en fait).


Taiko ? Wadaiko ?


Vous l'avez peut-être remarqué mais vous trouvez souvent deux façons de dire les tambours japonais : les taiko et les wadaiko.
En réalité, c'est presque pareil.

Les taiko 太鼓 désignent les percussions ou le bruit de la percussion. Les tambours sont certes compris dedans, mais vous pouvez aussi inclure les choses tendues qui vont faire un "booom". Pour l'exemple, la bedaine en japonais peut se dire taikobara (太鼓腹) qui veut littéralement dire le ventre tendu (tendu comme la peau des tambours... car oui c'est de la peau, je vais vous expliquer ça plus loin).

Le(s) wadaiko 和太鼓, c'est les tambours japonais. Tout simplement. Le 'wa' devant taiko fait référence à la culture japonaise (versus la culture occidentale).

En clair, on peut dire les deux !


Origines du taiko

Petit cours d'histoire.
Il existe des traces de l'existence des taiko depuis plus de 2000 ans puisque les archéologues ont retrouvé des petites figurines en terre cuite qui tenaient dans la main quelque chose qui ressemblait fortement à un tambour.

La musique traditionnelle comme on l'a connait à l'heure actuelle au Japon vient de plusieurs influences extérieures (Chine, Corée, l'Asie du Sud Est) et d'un enrichissement national au fil des siècles. C'est avec les premières cérémonies religieuses (bouddhiste surtout lors d'une cérémonie religieuse en 772 nommé le Daibutsukaigen 大仏開眼会 au temple Todaiji de Nara) que s'est fait connaître le taiko. En effet, il donnait un sens très solennel et sacré avec ses tons profonds et accompagnait ainsi les autres musiciens de flûte et de koto. Ce qui est parfait pour une ambiance religieuse.

Avec la montée en puissance des temples durant le moyen-âge (XIIIème-XVIème siècles), ces derniers avaient assez de prestige (et d'argent) pour organiser les plus belles cérémonies et de grands spectacles de chant et de danse. C'est ainsi que le théâtre nô est né et ce sont les taiko qui accompagnaient les acteurs tout le long de la pièce en jouant un style de musique que l'on nomme ohayashi お囃子. Vous l'avez forcément entendu puisque c'est désormais the style de musique traditionnel des festivals (matsuri) japonais. Très souvent, c'est une séquence rythmnée où on peut entendre différents instruments comme le koto, le shamisen, le tsuzumi (un tout petit tambour), le gong et bien sûr notre ami le taiko. Au final, le taiko a fait sa place sur la scène et les arts musicaux japonais puisqu'il est présent dans les cérémonies religieuses, les matsuri, le nô et le kabuki. A l'époque Sengoku (XV-XVIème siècles), on pouvait entendre le son des taiko sur les champs de bataille,  tels des battements de cœur géant à l'unisson de ceux courageux ou affolés des soldats.

Aujourd'hui, le taiko accompagne toujours les arts traditionnels 'classiques' cités plus haut et est présent dans les cérémonies religieuses, mais de manière plus populaire, il rythme le pas des danseurs de l'Awa odori (cf. les photos en bas de page) ou de l'Obon. Les Japonais considèrent que le son des tambours est un moyen de communication avec les dieux, c'est pourquoi il est toujours autant utilisé dans les temples et les sanctuaires (shinto et bouddhistes).

Le taiko se modernise

Un nouveau 'genre' de musique taiko apparaît dans les années 1950 : le Kumi Taiko (littéralement "ensemble de taiko") créé par un seul individu cela dit, M. Daihachi Oguchi, aussi le fondateur d'un autre style, le Osuwa Daiko. Il a révolutionné la façon de jouer du taiko dans des performances en créant un set de daiko : chaque musicien jouait sa propre participation pour forcer un tout (je n'y connais rien en musique, alors l'explication est maladroite, désolée).

D'autres 'écoles' ou styles de musique autour du wadaiko naissent après ça (et sont encore existantes aujourd'hui pour certaines) :

  • Yushima Tenjin Sukeroku Daiko, inspiré par le style Edo-bayashi, formés par 4 membres en 1959
  • cette école se divise ensuite en deux sous-écoles : le Yushima Tenjin Sukeroku Daiko et le Oedo Sukeroku Daiko
  • le Za Ondekoza, fondé en 1969 par Tagayasu Den sur l'île Sado (qui est une magnifique petite île dans le Nord du Japon, à visiter). C'est cette école qui a fait connaître la musique taiko japonaise au monde entier en 1975 (en tout cas, c'est reconnu comme tel) aux Etats-Unis. Ils ont joué sur scène. Après avoir couru le Marathon de Boston. Non sérieux. Des bêtes.
  • le Za Ondekoza s'est ensuite séparé en deux sous-écoles dans les années 1980 : le Kodo (avec les membres originels du Za Ondekoza) et le New Za Ondekoza. A l'heure actuelle, le style le plus connu à l'étranger, c'est le Kodo.


Les différents tambours

Comme je l'ai déjà expliqué, et parce que l'article commence à me paraître bien long aussi, je vais seulement présenter de manière synthétique les différents genres de tambours que l'on peut trouver.

Vous avez deux grandes familles de wadaiko : le Byoudomedaiko (鋲留太鼓) qui est celle la plus utilisée dans les festivals et les spectacles populaires car il est plus facile à manier, et le Tsukeshimedaiko (附締太鼓) qui est surtout utilisé pour les spectacles de nô et de kabuki. La différence est dans le son qu'ils produisent (évidemment) puisque le Tsukeshimedaiko a la peau plus tendue.

Une peau ? Ca fait déjà deux fois que tu en parles... Tu nous expliques ?
Le taiko est composé d'un baril en bois (laqué en principe) par dessus lequel on tire une peau qui a été travaillée au préalable (c'est soit de la peau de vache, soit de cheval... désolée aux amoureux des animaux) et qu'on accroche via des clous sur le bord le long du baril. C'est la base de base d'un taiko. Ensuite, il y a une histoire de cordes, de trous etc. mais je vais vous écrire un 30 pages si je continue. Si je résume en tout cas, il y a plusieurs sortes de taiko, selon la taille, son poids, sa construction, son utilisation (pour les matsuri, les arts traditionnels), sa mobilité (immobile et fixe, mobile sur le ventre, sur l'épaule etc).


Je vais essayer d'écrire un autre article consacré uniquement aux différents genres de tambours, et pourquoi pas, la façon dont ils sont fabriqués.


Le taiko, plus que de la musique

Les taiko ne sont pas considérés comme de simples instruments par leurs musiciens, mais comme un canal de connexion, d'expression. Les musiciens doivent former cette connexion en suivant 4 grands principes :

- l'attitude
- la forme
- la technique musicale
- l'énergie (très important je dirais)

C'est effectivement ce que je ressens quand j'assiste à un concert de wadaiko.
L'attitude confidente des musiciens, sans pour autant s'imposer trop, en harmonie avec eux-mêmes et les autres membres.
La grâce extérieure quand ils jouent, comme s'ils dansaient avec la musique qu'ils produisent.
La technique, parce que bon, ça me paraît quand même évident.
L'énergie, parce que c'est l'essence même du taiko.


J'espère que cet article vous a plu et que vous savez maintenant un peu plus sur les taiko :)

Vous pouvez à présent vous sentir prêt pour les prochains évènements de taiko prévus à Paris pour les Japonismes 2018 :

Pour petite info, le groupe Kodo est un des plus anciens groupes de joueurs professionnels du taiko, aussi bien connu au Japon, que dans le monde entier. 

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