Wadaiko (和太鼓) : (1) les différents tambours

16/07/2018

Après mon précédent article introductif sur les wadaiko, je vous explique maintenant plus en détails les différents genres de tambours, et comment les reconnaître. 

Comme je l'avais expliqué dans mon précédent article, il existe plusieurs familles de tambours, qu'on peut déjà différencier selon leur taille, mais aussi selon l'utilisation qu'on veut en faire. En effet, les tambours produisent des sons différents selon s'ils sont petits ou grands, et selon les matériaux. Ils ne vont donc pas être utilisés dans les mêmes cérémonies. 

Cet article a pour but de lister (de manière non-exhaustive) les différentes familles de taiko. Il existe d'autres styles de tambours de tradition chinoise, et d'autres utilisés spécifiquement pour des occasions spéciales (la danse de l'Obon Awa odori par exemple), mais l'article va se consacrer surtout sur les plus communs :

  1. Les nagadoudaiko 長胴太鼓 (tambours longs)
  2. Les shimedaiko 締太鼓 (les tambours 'fiscelés')
  3. Les okedaiko 桶胴太鼓 (les tambours 'tubes')
  4. Les hiradaiko 平太鼓 (les tambours plats)
  5. Les tsuzumi 鼓 (les tambours sabliers)
  6. Les uchiwadaiko 団扇太鼓 (les tambours éventails)

Comme vous pouvez le constater, cela se base surtout selon leur forme extérieure.


1. Les nagadoudaiko 長胴太鼓 (tambours longs) 

Aussi nommé miyadaiko, c'est le tambour le plus utilisé, aussi bien par les professionnels du spectacle que par les religieux ou les simples citoyens, et donc le plus populaire. Généralement, lorsque l'on parle de 'wadaiko' à un Japonais (ou même un étranger), on pense à celui-là. 

Il y a plusieurs raisons à cela : 

  • Il est utilisé dans la plupart des cérémonies et évènements traditionnels (kabuki, la danse Obon, les autres arts traditionnels) et est flexible dans son utilisation puisqu'il peut être posé sur n'importe quel type de support et produit des gammes de son appréciés par tous les batteurs
  •  Il s'accorde parfaitement avec d'autres instruments, que ce soit le koto, le shamisen et même ses autres cousins dans la gamme des wadaiko
  • De part sa flexibilité déjà évoqué, il est un excellent instrument d'apprentissage pour les débutants. Les enfants sont tout à fait capables de les manier. 

Le nagadoudaiko peut être posé directement au sol (c'est le seul d'ailleurs de ce que j'ai pu comprendre), ou le poser sur un support. Au niveau des supports - et cela s'applique à d'autres familles de tambours - vous avez plusieurs choix : le support plat, le support élevé (la hauteur peut varier selon la personne) sur des espèces d'escabeau ou directement sur un char de festival. 

Vous avez aussi d'autres supports, comme le support mobile (c'est à dire qu'on porte le tambour sur soi), mais qui ne s'applique pas à ce tambour puisqu'il serait trop lourd à porter et qu'on perdrait en tonalité. Au fait, un nagadoudaiko peut faire de 30 à 45 cm de largeur (au niveau de la peau) et peser dans les 15 kg en moyenne (voire plus pour les très gros nagadoudaiko). 

2. Les shimedaiko 締太鼓 (les tambours 'fiscelés') 

Ma traduction est un peu bancale mais elle a le mérite d'être claire. Comme vous pouvez le constater, ce sont les genres de tambours, en général de taille moyenne et petite, qui ont cette marque distinctive de cordes reliés entre elles et attachées aux rebords du taiko. 

Ces tambours sont très souvent utilisés en instrument d'accompagnement dans des orchestres, et on le voit très régulièrement lors du Shishimai, "la danse du lion". La particuliarité de ce tambour, par rapport au nagadoudaiko, c'est l'épaisseur de sa peau tendue, plus importante que pour son cousin cité plus haut. 

Un danseur du Shishimai
Un danseur du Shishimai

3. Les okedaiko 桶胴太鼓 (les tambours 'tubes')

Je pense que vous avez compris la raison de son nom. Le okedaiko ressemble un peu à son cousin, le shimedaiko à cause de ses cordes et de la peau étirée, mais contrairement aux autres familles de tambours, le okedaiko est d'une forme plus allongée. C'est un tambour qui est très utilisé dans la région du Tohoku. Il peut être posé mais aussi porté via un harnais ou une anse. D'ailleurs, très souvent, quand vous voyez un tambour porté, c'est un okedaiko. Cela peut aussi être un tsuzumi (voire plus bas) mais la taille est différente.

Il existe plusieurs sortes de okedaiko comme le neputayou-okedaiko (ねぷた用桶胴太鼓), le minamibuyou-okedaiko (南部用桶胴太鼓) ou le daiokedaiko (大締太鼓). Pour le neputayou-okedaiko, il tient son nom du Festival Neputa (Neputa Matsuri) de la préfecture d'Aomori (nord du Japon, juste avant Hokkaido) qui se déroule en août, et très célèbre pour ses chars majestueux, surplombés par d'énormes figures de papiers représentant des personnages ou scènes historiques.

Une vidéo trailer du Nebuta Matsuri

4. Les hiradaiko 平太鼓 (les tambours plats) 

Encore une fois, le nom parle de lui-même. Les Japonais ne se compliquent pas la vie, et c'est une bonne chose. Comme le nagadoudaiko, ce tambour peut être posé sur un support plus ou moins élevé, et peut même être tendu comme pour les gongs chinois, comme vous pouvez le voir ici :

Il produit des sons bas et plus 'légers' que ses cousins. Vous aurez beaucoup l'occasion de voir le hiradaiko lors de l'Awa Odori ou en accompagnement dans des orchestres.

5. Les tsuzumi 鼓 (les tambours sabliers)

En forme de sablier, c'est l'un des plus petits tambours dans la grande famille des wadaiko. Il est assez différent des autres. Il est le seul que l'on frappe à la main - plutôt qu'avec les baguettes - et il est nécessaire de le secouer un peu pour pouvoir produire un son. Sa deuxième particularité réside dans son son très caractéristique : très court et aigü pour un tambour. Le tsuzumi est the instrument utilisé lors de duos, par exemple comme lors d'une performance nommée Namigashira (波頭) dont vous pouvez voir un extrait ci-dessous. 

Ce tambour est composé de 4 sons : "po/pon", "pu", "ta" et "chi". Le "po/pon" et le "pu" se ressemblent beaucoup, le pu étant juste un peu plus élevé. 

La position des deux mains sur le tambour joue beaucoup sur la production du son :

  • La main tendue sur la surface de la membrane va provoquer le "po". La main derrière doit lâcher les cordes pour pouvoir produire le son "pon".
  • La main tendue dirigée à moitié sur la membrane et à moitié sur le rebord va provoquer le "pu". La main derrière doit serrer les cordes.
  • L'annulaire tendu ou le haut de la paume de main à l'intérieur du tambour va provoquer le "ta". La main derrière reste fermée. 
  • L'annulaire et le majeur joints, frappés sur l'intérieur du tambour va provoquer le "chi. La main arrière reste serrée. Il faut utiliser un peu plus de force que pour le "ta". 

La maîtrise de ce tambour a l'air beaucoup compliquée que pour les autres, nécessitant donc une bonne connaissance de la percussion. Il est aussi nécessaire apparemment d'utiliser de la salive pour humidifier la surface de la peau pour pouvoir produire un son clair. L'eau n'est pas recommandée car elle abîme la membrane du tambour et l'eau sèche vite.  

6. Les uchiwadaiko 団扇太鼓 (les tambours éventails)

Ce tambour à la forme d'éventail est utilisé exclusivement lors de cérémonies bouddhiques, notamment organisées par l'école bouddhique Nichiren-shû ou HokkeshûI. Les moines accompagnent le son lourd ("don don") de ce tambour avec des chants, et produisent ainsi un rythme engageant et solennel. Il peut aussi être nommé "Hokke no taiko".

Ci-dessous une procession de moines du temple Hiromasasan Kanon-ji dans la ville de Tamano, préfecture d'Okayama (sud du Japon) à l'occasion du Rakkeishiki (célébration d'un nouveau temple) et du Shinsanshiki (intronisation du nouveau chef de temple) :

Je vais en terminer là avec cet article !
Évidemment, il existe d'autres tambours, plus petits ou des taiko gigantesques mais globalement, ils appartiennent plus ou moins aux familles déjà évoquées ci-dessus. Si je trouve d'autres informations en tout cas, je n'hésiterai pas à mettre à jour cet article. 
En complément, vous pouvez lire l'article de Taiko World qui explique un peu plus les différentes tailles de taiko notamment. 

Dans le prochain épisode sur ma série des tambours japonais, on se focalisera sur sa fabrication  ! Quels sont les différents éléments qui composent le tambour, quelles sont les étapes de fabrication, qui sont les artisans ? 

A la prochaine ! 

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