Exposition Meiji au Musée Guimet

27/10/2018

Invitée spécialement pour l'occasion par le Musée Guimet, j'ai pu visiter de façon VIP en soirée l'exposition Meiji ouverte jusqu'au 14 janvier 2019. Présentée par Michel Maucuer, conservateur de la section Japon du musée, l'exposition Meiji diffère un peu des autres expositions par les œuvres, très emblématiques de l'époque dont l'exposition tient son nom... et parfois très politiques.


Petit moment d'histoire.
La fin de l'époque Edo (1600 - 1868) est un nœud de bouleversements politiques (la fin du règne de la famille Tokugawa qui avait gouverné pendant toute la période, le pouvoir politique restauré à l'Empereur...) mais aussi culturels (l'ouverture "forcée" du Japon sur le monde avec l'arrivée des Etats- Unis). Le Japon est alors un pays très mystérieux et très peu connu. Quelques objets ont pu être importés en Europe mais c'est plutôt l'art chinois qui est connu au XIXème siècle, notamment sa céramique et ses estampes. Pour palier au retard ressenti par les Japonais et pour faire sa place sur la scène internationale, le Japon décide alors d'apprendre : la technologie, la science (déjà plus évolué grâce aux "études hollandaises" depuis quelques décennies), le droit... et l'art.

L'Empereur décide alors d'entamer des vagues de réformes et de changements à l'échelle nationale et internationale pour démontrer la place de son pays et égaler son voisin chinois. L'époque Meiji va donc être une époque stratégique pour le Japon : il va participer à toutes les Expositions Universelles organisés de part le monde. Les Occidentaux s'extasient sur la céramique et les estampes, et en demandent encore plus. 

C'est la folie du Japonisme.

Le gouvernement japonais se positionne alors comme grand mécène de l'art japonais. Les artistes et artisans redoublent d'ingéniosité, de créativité et de technique pour gagner le fameux titre "Artiste de la cour impériale". D'anciennes techniques traditionnelles (comme l’orfèvrerie, l'émail cloisonné, ou la céramique) sont redécouvertes ou modernisées pour faire honneur à la culture et au patrimoine japonais mais aussi pour répondre à une demande de plus en plus grandissante d'acheteurs étrangers passionnés. Le but est aussi de marquer les esprits et de gagner en puissance sur une scène internationale où le Japon n'est alors pas présent.

Quelques oeuvres qui prouvent l'ingéniosité de la technique japonaise, inspirée aussi par les techniques occidentales (les techniques du chimiste allemand Gottfried Wagener a déclenché l'âge d'or de l'émail cloisonné)

L'ère Meiji est une belle époque d'expérimentation et de modernisation. Tandis que d'autres subissent un élan de popularité, certains commencent à décliner : les estampes sur gravure sur bois (comme ll'ukiyo-e) sont d'abord utilisées pour représenter l'Empereur et sa famille (basée sur les photographies officielles) puis des artistes tels que Kobayashi Kiyochika sont mobilisés pour illustrer des moments clés historiques (comme la guerre russo-japonaise) pour les journaux, le domaine de l'information leur étant interdit pendant l'ère Edo.

Malheureusement, les estampes ukiyo-e sont peu à peu remplacées par la similigravure ou la reproduction en trichromie dans la presse et les supports de communication (politique et d'actualités). Ces techniques étaient plus rapides et moins chers à produire. Les estampes seront ensuite utilisées exclusivement dans l'art de la reproduction de grandes œuvres ou pour des albums d'artistes connus (comme pour le peintre Kamisaka Sekka, réinterprète du style de l'école Rinpa). Des artistes plus modernes ont aussi repris cette technique de l'estampe ukiyo-e pour exprimer leur propre style artistique.

Pendant que le Japon dévoile toute sa créativité, l'Europe découvre aussi une nouvelle culture et des styles artistiques qui inspirent beaucoup de grands noms comme évidemment Van Gogh ou Claude Monet. Des délégations occidentales se rendent au Japon pour y amener céramiques, estampes et autres laques, et faire découvrir les arts traditionnels japonais en Europe.

Les pionniers qui ont fait découvrir l'art japonais en Europe sont des marchands d'art, notamment le français Philippe Sichel ou le franco-allemand Siegfried Bing. C'est d'ailleurs Siegfried Bing qui a été le premier à faire découvrir Hokusai et sa fameuse série des Vues du Mont Fuji en Occident. De leur côté, les Anglais, Christopher Drussert en tête, font plusieurs longs voyages au Japon sur la fin du XIXème siècle et reviennent en Europe pour partager leur compréhension de la culture nippon et de son art, ce qui a aidé aux différents échanges par la suite.

Les Européens ont ensuite commissionné directement des œuvres personnelles soit auprès d'artistes japonais, soit ont fait importer des matières premières pour ensuite les faire fabriquer en Europe. Certains sont si ressemblants qu'on pourrait croire qu'ils ont été fabriqués au Japon. La fin de l'exposition présente d'ailleurs des objets de fabrication européenne et japonaise.... Serez-vous les reconnaître ?


Informations pratiques

Exposition Meiji - 17 octobre 2018 au 14 janvier 2019

Musée Guimet
Accès : Métro Iéna (9) et Boissière (6)
Horaires : Ouvert du mercredi au lundi, de 10h à 18h. Dernier accès à 16h30
Tarifs :
Billé combiné (expos permanentes et temporaires) : 11,50 € plein tarif | 8.5 € tarif réduit
Billet hors exposition : 8.5€ plein tarif | 6.5€ tarif réduit
Le billet combiné permet de visiter une deuxième fois le musée dans les 14 jours qui suivent l'achat du billet.

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